Et effectivement, Thorn avait fini par trouver ce quelque chose, offert par les dons de son loup. S’il savait déjà se débrouiller seul en explorant et survivant au-delà des murs de Salem des jours durant, le nouveau lupin avait fini par exploiter ses dons pour retrouver la trace de bien des choses… et de quelques gens, aussi. Ils ne croulaient pas sous l’or, pouvait tout juste payer leur loyer et subvenir à quelques besoins, mais c’était toujours un plus sur lequel ils ne crachaient pas, chaque mois.
Bien-sûr, ce n’était pas tout le temps que des annonces s’affichaient sur le tableau, attendant d’être arrachées par des curieux et résolus pour les plus malins. La plupart du temps, il s’agissait d’animaux sauvages, de bestioles dangereuses aux alentours de Salem, ou de gens disparus qu’on ne retrouverait sûrement jamais… d’autres fois, il pouvait même se passer des mois sans voir l’ombre d’une annonce. Heureusement, la nature humaine se rappelait souvent à elle-même pour leur offrir un peu de travail. Comme aujourd’hui.
De passage à Salem depuis quelques semaines, Thorn était « de repos » après une longue expédition. Mais il tenait peu en place, et se retrouvait chaque jour — et souvent le soir — à vagabonder loin de l’agitation commune. Ce jour-là, alors que le soleil commençait à basculer de l’autre côté, ses pas et sa curiosité l’avaient mené à jeter un œil aux affiches du moment, et l’une d’entre elles attira son regard tout particulièrement. Une petite voleuse était parmi eux, peut-être même derrière lui à cet instant présent. Le vol était proscrit, ici. Puisque la bonne entente entre toute bête était priée, les petits délits dans ce genre n’étaient jamais vraiment bons pour ceux qui finissaient par se faire attraper. Mais peu importe ; ça payait bien, et c’était tout ce qui comptait en cet instant.
Thorn abandonna l’affiche, et se dirigea dans un froissement de tissus vers le quartier ouest, lieu du dernier vol. Oh, il aurait pu commencer par la maison des fiancés, ou la cape de la pauvre volée, mais le lupin espérait tomber sur une piste un peu plus fraîche, en commençant par la maison du Japalor.
• Ada & Thorn & Séraphina •
Alors que tout semblait aller pour le mieux, voilà que Salem faisait encore des siennes. Séraphina n'en revenait pas des explications des protecteurs. N'étaient-ils pas censés veiller sur la protection des habitants, veiller à faire respecter les lois ? Elle aurait pu étrangler ou bien changer en pierre ce satané protecteur, porteur de la mauvaise nouvelle. Heureusement pour lui, il s'agissait d'un satyre et Séraphina essayait de ne pas froisser les membres de son panthéon. Non pas qu'elle estime que les membres de son panthéon soient plus méritants ou bien tout simplement supérieur aux autres, mais elle ne désirait pas devoir gérer un vent de rébellion dans ses rangs. Ils l'avaient choisie pour qu'elle les représente au Conseil et elle se devait de maîtriser ses colères contre tout un chacun.
Il n'y avait pas eu un, ni deux, mais bien trois vols au sein de Salem. Et le voleur courrait toujours, ou la voleuse. Le satyre lui avait expliqué en détail ce que les protecteurs avaient réuni comme preuves et cela n'était en rien concluant. Pinçant les lèvres, elle avait saisi les rapports pour les lire en détail. Un diamant, un rubis et un lapis-lazuli, volé à trois personnes différentes qui avaient toutes un lien commun. Mohan Jyrul. À chaque fois, Mohan se trouvait en périphérie de ces vols et à chaque fois, elle était liée aux victimes. Était-ce un hasard ? Séraphina l'ignorait, mais si Mohan était la voleuse, elle avait laissé bien trop de traces derrière elle. La première chose qui venait à l'esprit de la gorgone, c'était de questionner Mohan sur ses liens avec les victimes.
Pour cela, elle ne désirait pas être seule et elle se doutait bien que les autres membres du Conseil allaient se mettre à fouiner également. Trop de personnes sur cette affaire entraîneraient assurément une catastrophe au niveau des indices laissés. La rousse remercia rapidement le satyre pour le rapport et quitta l'Aubépine pour se diriger vers le Calavera. Là, elle était certaine de trouver son amie Ada, également membre du Conseil. Elles pourraient mener cette enquête ensemble, sans que les autres membres du Conseil ne viennent pas polluer leur affaire. Mais tout d'abord, elle devait demander si la louve était au courant. Si tel était le cas, elles devraient transmettre une lettre aux autres membres afin de les prévenir qu'elles prenaient l'affaire en charge et qu'elles les tiendraient au courant de l'évolution de la chasse. Si Ada n'était pas au courant, Séraphina devrait tout lui expliquer.
Dans un cas comme dans l'autre, il semblait évident qu'il fallait qu'elle se dépêche de tout mettre en place avant qu'un membre de Conseil n'ait la même idée qu'elle ou bien qu'un habitant de Salem ne se décide à rendre justice lui-même. Pourquoi se préoccupait-elle d'une telle affaire ? Parce que, sous ses grands airs, Séraphina se souciait sincèrement de plusieurs habitants de Salem et puis un voleur était mauvais pour les affaires. L'attraper serait assurément bénéfique en tout point pour elle.
Faniahh/Lala/Cyalana
— Et on n'a toujours pas retrouvé le coupable ?
Ada se massait les tempes tandis que la gorgone lui expliquait la situation à voix basse. Une situation pénible pour Salem, qui devait faire cohabiter le plus d'espèces possibles dans la paix et l'harmonie. Si les voleurs pouvaient aller et venir à leur guise, on remettrait en question les protecteurs, le Conseil et à terme, toute l'organisation de la ville ! Il n'y avait pas beaucoup de lois en ville, alors il était impératif de les faire respecter.
— Bien. Je crois que tu as raison, il va falloir intervenir nous-même.
Elle poussa un soupir en ajoutant quelques pattes de mouche sur la liste qu'elle tenait à la main. C'était le jour de l'inventaire dans les réserves de la cuisine, et comme souvent, la Louve présidait à la petite troupe qui grouillait dans l'espace de stockage. Elle aimait l'efficacité, aussi chacun s'activait pour terminer rapidement la corvée. En fonction de ce qu'il manquait, on établirait un menu et la gérante s'occuperait de relayer des demandes auprès des chasseurs, des commerçants ou même des personnes qui avaient des dettes. Après tout, s'il fallait payer pour des dîners déjà consommés, participer au remplissage de la réserve était une bonne façon de rembourser.
La jeune femme ne laissa pas les autres entendre leur conversation et confia à une autre cuisinière la liste, s'excusant de les laisser pour devoir s'occuper d'une affaire urgente. Par chance, tout le monde au Calavera était au courant de son poste et pardonnait ses disparitions lorsque le devoir l'appelait. En général, Ada se rattrapait en faisant des services supplémentaires pour soulager tous ceux qui avaient travaillé à sa place. Elle fit signe à Seraphina de la suivre pour sortir des cuisines, évitant ainsi d'attirer trop l'attention sur leur conversation. L'auberge n'était jamais tout à fait vide, cependant la salle était plutôt tranquille à cette heure de la journée et en baissant le ton, elles pourraient parler sans crainte.
— L'inefficacité des Protecteurs laisse un peu songeuse, tout de même. Ce voleur serait-il doué au point de laisser si peu de pistes, ou nos hommes seraient-ils un peu trop mous à l'action ? Il faudra peut-être en toucher un mot aux autres du Conseil et faire un tour au Styx. Je n'aime pas l'idée qu'il y ait du laisser aller, ronchonna la louve en se trouvant un coin de la salle où personne ne pourrait les entendre. Pour en revenir à ton idée, je trouve suspect qu'une personne soit au cœur de l'affaire de manière si évidente sans que rien ne l'accuse. Mais je ne peux m'empêcher de penser que si nous allons l'interroger immédiatement, nous nous priverons de l'effet de surprise sur notre voleur qui doit être conscient que Mohan est dans de beaux draps. Si ce n'est pas justement elle la voleuse...
Les deux femmes échangèrent quelques théories, puis la Louve proposa à son homologue de rédiger les lettres pour le reste du Conseil pendant qu'elle terminait son inventaire. Ainsi, elles pourraient se mettre en route toutes les deux en ayant l'esprit libre. Décision avait été prise de se mêler de cette histoire de vol pour en terminer rapidement ! Et Séraphina avait raison : il était grand temps que quelqu'un aille poser des questions à Mohan Jyrul.
EPSILONThorn songea quelques instants qu’il était peut-être plus avisé d’attendre quelques minutes devant la porte, pour s’assurer que personne d’autre n’était lancé sur cette enquête et finirait par le rejoindre dans peu de temps… mais il se ravisa presque aussitôt ; le loup travaillait seul, et il n’avait besoin de personne d’autre. Surtout pour renifler un grenier.
Encapuchonné sous une cape noire qui quittait rarement ses épaules, Thorn s’était retrouvé quelques affaires depuis ses dernières péripéties en forêt, notamment une nouvelle besace où il pouvait y fourrer à peu près tout et n’importe quoi qui pouvait s’avérer utile, remplaçant ainsi son sac d’exploration qui était aussi indispensable qu’encombrant. Les teints sombres de sa tenue n’aidaient pas tellement à se faire bien apprécier au premier coup d’œil. Il était grand, massif, vêtu presque exclusivement de ce noir qui soulignait les ombres de son visage et lui donnait un air encore plus austère et froid qu’il ne l’était déjà. Comme un immense épouvantail qu’on aurait habillé pour faire bonne figure, en quelques sortes. Il avait des allures d’oiseau de mauvais augure, ressemblait au loup caché parmi les agneaux.
Puis, Thorn, c’était aussi un visage balafré, marqué d’une blessure qu’on ne pouvait pas rater en l’observant même seulement une fraction de seconde. Si certains guerriers accoutumés lui renvoyaient des regards compatissants, l’air de le féliciter d’avoir survécu et accepter cette nouvelle trace, il n’ignorait pourtant pas le regard des autres, ceux qui venaient à le dévisager ou à se détourner comme s’il était un chat noir dont il ne fallait surtout pas croiser la route. Et sa dernière sortie en forêt ne l’avait pas plus aidée, même si la blessure, cette fois-ci, était bien plus visible sous sa forme de loup — puisque c’était cette enveloppe qui avait été blessée. Sa sœur avait passé de longues heures à préparer des pommades, à soigner les chairs meurtries, et ses soins n’avaient pas été vains ; il en garderait peu de vestiges, et ceux-ci seraient recouverts d’une fourrure épaisse tôt ou tard. Sous cette forme humaine, les traces étaient moindres, à peine visibles. Et heureusement, car il n’était pas sûr de savoir comment ceux qui l’évitaient déjà auraient réagi en le voyant revenir encore plus blessé qu’il ne l’était déjà.
Lorsqu’il fut arrivé à la maison de l’homme recherché, une main bourrue frappa à sa porte, attendant qu’on vienne s’enquérir de son cas. En attendant, il jeta, déjà, quelques coups d’œil à droite et à gauche, déployant son flair aguerri. Enfin, ce n’était pas l’entreprise la plus aisée à ce niveau de rue ; certains commerces commençaient la cuisson de leurs plats, d’autres chaumières les terminaient, emplissant les rues d’odeurs diverses caractéristiques de la fin de journée, sans parler des odeurs propres à chaque passant. Mais Thorn était heureusement un métamorphe en phase avec son loup, alors il s’agissait d’un exercice auquel il s’adonnait fréquemment, ne serait-ce que pour apprendre à se trouver à manger en pleine forêt où les effluves étaient si mêlés que certains pouvaient en devenir fou.
Quand on vint lui ouvrir, l’immense ombre de son corps se projeta sur le nouveau venu, et il se contenta de peu de mot, tendant l’affiche qui signalait la recherche du voleur des pierres précieuses en se contentant d’afficher un visage qui ne donnait pas tellement envie de douter de ses compétences.
'Dé 100' :
![[CHASSE] La voleuse de pierres — ft. Seraphina & Ada 59](https://i.ibb.co/frLv3np/59.png)
Qui avait mis les affiches, il l'ignorait, mais cela lui servirait après tout. Il ouvrit à une grande silhouette, une silhouette imposante au visage sérieux, marqué d'une cicatrice. Hiro ne s'était pas attardé outre mesure, le regard fuyant, tout son corps criant à l'angoisse. Il avait laissé passer l'homme dès qu'il avait vu l'affiche, se doutant qu'il venait pour s'enquérir de la situation. Pas très bavard, peu de choses s'étaient échangées et l'enquêteur avait été emmené sur le lieu du vol, le grenier. Hiro s'était empressé de redescendre, laissant l'homme faire son travail. Semblait-il coupable de quelque chose ? Peut-être aux yeux de certains. Mais la plupart diraient qu'il s'agit là du comportement normal du kappa dans ces phases de folie, comme ils les nommaient.
Le grenier ne semblait pas avoir beaucoup été nettoyé, empli de poussière et d'objets en tout genre comme des malles, de vieux vêtements, un grand miroir sur pied, un bureau en bois avec une chaise assortie et un lit. Seul le lit semblait être utilisé de manière à peu près régulière, les draps étant bien plus propre que le reste de la pièce. Le coffre où était renfermée la pierre était un coffre en bois, une pièce d'exception pour les collectionneurs. Dedans, se trouvait une tonne de tissus de tout genre et de toute couleur. Ce qui semblait plutôt logique pour un tailleur. La pierre avait été mise dans un pochon de coton bleu roi, dissimulé sous plusieurs couches de tissus.
Les odeurs ? Il semble bien difficile de sentir quoi que ce soit, mais celle d'Hiro est parfaitement reconnaissable entre toutes. Plusieurs odeurs féminines se distinguent, une odeur de cerise fraîche, une autre de lilas. Et puis une odeur masculine, un musc particulier, une odeur de bois chaud.
• Ada & Thorn & Séraphina •
Séraphina secoua négativement de la tête face à la question d'Ada. Elle était bien d'accord sur les lacunes évidentes des protecteurs, mais après tout, c'était l'une des premières fois qu'une telle histoire se produisait. Habituellement, ils parvenaient relativement rapidement à attraper le coupable, pourquoi pas cette fois ? Heureuse de voir que son amie était sur la même longueur d'ondes qu'elle, bien qu'elle n'en avait pas douté un seul instant, elle observa la louve terminer la liste de l'inventaire du Calavera avant de la confier à une autre travailleuse. Elle suivit ensuite la brune et rapidement, elles furent seules.
— Tu as raison, j'ai également trouvé cela bien étrange, mais cela fait un moment que nous n'avions pas eu de véritables délits. Peut-être ont-ils lâché du lest, ou bien peut-être manquent-ils de personnel. Une fois cette enquête résolue, nous en discuterons avec les autres membres du Conseil et irons tous voir au Styx afin de constater les diverses lacunes qu'il y a là-bas.
Elle repoussa ses cheveux vers l'arrière et poussa un léger soupir.
— Mohan est effectivement au centre des tous les vols, j'ignore quel est son rapport avec tout cela, mais il semble évident qu'elle a quelque chose à voir avec ces vols. Peut-être que cela nous fera perdre une longueur d'avance sur le ou la coupable, mais peut-être cela nous apportera-t-il des réponses ?
Les deux jeunes femmes discutèrent encore un moment avant de venir à la conclusion qu'il valait mieux aller trouver Mohan directement. Elles prirent donc la direction de la demeure de Mohan et Cyrus. Il s'agissait d'une jolie petite maisonnette en bois, située dans le quartier nord. Séraphina toqua à la porte et rapidement, elle vit arriver Cyrus, un beau jeune homme qui était un banshee.
— Bonjour Cyrus, je suis navrée de te déranger, est-ce que Mohan est présente ?
Cyrus hocha de la tête, l'air concerné et inquiet, il laissa entrer les deux jeunes femmes et demandant s'il y avait quelque chose grave. La gorgone lui adressa un signe négatif de la tête et sourit.
— Non, non, nous venons par rapport aux divers vols qui se sont produits. Il me semble que tu as été la première victime, c'est cela ?
Il hocha de la tête et les mena au salon, où était assise Mohan. Elle salua respectueusement les deux femmes et leur sourit.
— Bonjour Mohan, nous aimerions te parler Ada et moi, si tu n'y vois pas d'inconvénients ?
Faniahh/Lala/Cyalana
Même s'il était extrêmement suspect pour une seule et même personne d'être reliée à trois affaires de vols, dans cette nouvelle réalité où certains pouvaient se transformer en animaux ou s'envoler dans le ciel d'un battement d'aile, il y avait plus d'une façon d'expliquer en quoi un innocent se retrouvait mêlé à un crime. Ada ne voulait pas inculper immédiatement la jeune Mohan, ni lui donner l'impression qu'on la tenait pour responsable faute de mieux, aussi se fit-elle aimable et polie lorsqu'on leur ouvrit la porte. Elle remercia Cyrus et salua sa fiancée d'un hochement de tête tranquille.
— Bien sûr, que puis-je faire pour vous aider ? répondit la jeune femme lorsque Séraphina expliqua les raisons de leur visite.
— Nous aimerions te poser quelques questions en rapport avec les vols qui ont lieu ces derniers temps, précisa Ada en prenant un air sérieux. On t'a certainement déjà fait remarquer que tu es un élément commun à toutes les victimes, n'est-ce pas ?
Mohan baissa les yeux avec un air contrit et hocha la tête. Il n'y avait pas besoin d'être un enquêteur de génie pour trouver cela suspect et peut-être même que certains Protecteurs avaient déjà leur opinion toute faite sur la culpabilité de la jeune femme. Il ne manquait que les preuves. La Louve ne souhaitait pas ajouter plus de pression, cependant elle n'aimait pas non plus tourner longtemps autour du pot. L'honnêteté, même un peu brusque, lui était toujours apparue comme la meilleure de solution.
— Commençons avec le diamant : le rapport dit que Cyrus ne se souvient plus s'il t'a parlé de sa cachette. Peux-tu nous dire s'il t'en a parlé un jour, même si c'était il y a longtemps ? C'est très important que l'on sache si tu avais cette information, sois honnête. On sait déjà que tu étais au courant pour le rubis d'Ézelyne et que tu as rendu visite à Hiro, pour une raison qu'il ne veut pas nous avouer.
Sa voix était douce et tranquille, cependant son regard ne fléchissait pas tandis qu'elle scrutait les réactions de la jeune femme soupçonnée. Une hypothèse un peu folle lui avait traversé l'esprit, mais il lui manquait des éléments pour pouvoir la partager avec la gorgone. Bien sûr, les réponses de Mohan étaient importantes pour avancer, mais elle faisait aussi confiance à son sens de l'observation pour déterminer si un mensonge franchissait les lèvres de l'intéressée.
Ada arrive-t-elle a déterminer si Mohan lui raconte la vérité ?
'Dé 100' :
![[CHASSE] La voleuse de pierres — ft. Seraphina & Ada 50](https://i.ibb.co/VmwjqWc/50.png)
Comme si la présence de Cyrus avait donné de la force à la jeune femme, Mohan se redressa et adressa un pauvre sourire à la louve.
— Je crains de ne pouvoir assurer avec certitude s'il m'en a déjà parlé ou bien si j'ai découvert cette cachette moi-même en nettoyant la maison. Cyrus et moi... Nous ne nous dissimulons rien.
Dit-elle en plongeant son regard dans celui de son compagnon, une expression tendre sur le visage.
— Donc il est possible qu'il m'en ait effectivement déjà parlé. J'ai conscience que la situation n'est en rien en ma faveur... Mais je vous assure que j'ignore beaucoup de choses de ces vols... Je ne connais que ce que j'ai entendu ici et là en ville.
Cyrus serra la main de sa fiancée et hocha de la tête.
— Mohan n'a aucun secret pour moi, nous vivons heureux tous les deux. Elle n'aurait eu aucune raison de voler ces pierres, je vous l'assure. Nous ne croulons pas sous l'or, mais nous ne manquons de rien.
Et cela était vrai, au vu de leur intérieur. Bien que sommaire, il était agréable et rien ne semblait leur manquer. Peut-être avaient-ils été piégés ? Peut-être avaient-ils des liens plus profonds avec ces vols ? Tout cela était bien brumeux. Mohan reprit alors la parole.
— Quant à Hiro, il ne voulait pas me mettre dans l'embarras...
La jeune femme bougea sur sa chaise et grimaça quelque peu.
— Je voulais faire une surprise à Cyrus, lui faire confectionner un nouveau manteau. J'ai beaucoup économisé pour cela et je voulais le lui offrir pour son anniversaire, j'ai donc demandé à Hiro de le confectionner...
Cyrus afficha un air attendri et embrassa la joue de Mohan, qui rougit.
— N'aie crainte ma douce, je jouerais à l'homme surpris lorsque tu me l'offriras.
Mohan laissa échapper un rire. Oui, ils avaient tout l'air du couple parfaitement heureux et amoureux. Peut-être était-ce un coup du sort, peut-être était-ce une personne mal intentionnée ?
Mais... Cyrus ne s'était-il pas raidi à la mention de Hiro ? Et le regard de Mohan lorsque l'on avait mentionné Ézelyne... Ne s'était-il pas troublé l'espace d'un instant ? Peut-être que tout cela n'était-il dû qu'à l'enchaînement des derniers jours. Après tout, cela n'avait été facile pour personne et encore moins pour Mohan.
Il fouilla le coffre d’abord, se débattant parmi les kilos de tissus entreposés là-dedans. Si le voleur avait trouvé la pierre par chance en fouillant ici sur un coup de tête, cela relevait du miracle tant il aurait été aisé de rater la cachette discrète de la pierre. Le lupin renifla, tentant de trouver une odeur qui se dégageait un peu plus du reste par ici, mais ce n’était pas chose aisée. Il y avait déjà tant d’odeurs… tant d’odeurs féminines, et autre chose.
Thorn se couvrit le nez en grimaçant, grognant intérieurement maintenant qu’il ne pouvait plus louper ces mélanges de cerise, de lilas et de bois. Ses yeux noirs charbon tombèrent sur le lit qui semblait plus propre que tout le reste réuni, et le lupin se risqua à s’y approcher, tirant brusquement la couverture, puis l’oreiller, soulevant le matelas lui-même. Il ne savait pas vraiment ce qu’il y cherchait… un cheveu, une empreinte, quelque chose qui aurait roulé sous le lit ?
Lorsque son enquête lui sembla terminée — après avoir passé des mains sur et sous les meubles, puis ses yeux là où il le pouvait — le loup noir entreprit de redescendre seul, cherchant le kappa pour lui poser les quelques questions qui lui traînaient en tête.
Par chance, il n’était pas loin, toujours aussi angoissé qu’il semblait l’être. Était-il toujours ainsi, ou bien était-il coupable de quelque chose pour se comporter de la sorte ? Thorn plissa les yeux, tentant de le percer à jour. Ses pas firent grincer le plancher tandis qu’il combla encore un peu plus la distance entre eux.
« J’ai quelques questions, concernant le vol. Elles pourraient m’aider à mettre la main sur notre voleur. » grommela-t-il en essayant de croiser le regard fuyant de la créature asiatique. « J’aimerais connaître exactement tous ceux qui sont passés dans votre grenier récemment, et pourquoi. Et, bien-sûr, si l’un d’entre eux auraient pu avoir une raison de vous voler. J’ai cru comprendre que vous n’aviez pas voulu éclaircir quelques détails concernant l’implication de Mohan, alors n’essayez pas de mentir ; nous, les loups, pouvons le sentir. »
C’était un mensonge mais, après tout, puisqu’il était un kappa et bien loin des créatures nordiques, était-il supposé les connaître sur le bout des doigts ? Ça valait le coup d’essayer, au moins pour démêler le vrai du faux.
'Dé 100' :
![[CHASSE] La voleuse de pierres — ft. Seraphina & Ada 47](https://i.ibb.co/HrPPQDB/47.png)
— J'ignore qui diable, vous pensez être, mais je n'aime ni votre ton, ni vos insinuations. Qui êtes-vous d'abord ?
Oui, Thorn Lunde n'aurait pu pas plus mal s'y prendre avec notre kappa. Aurions-nous oublié de mentionner qu'il était terriblement susceptible lorsqu'il était dans ses moments de folie ? Kiro regarda autour de lui et fronça les sourcils en regardant dans un coin de la pièce. Voyait-il quelque chose en particulier ? Seuls les dieux le savaient. Le regard du kappa revint sur le loup et il retroussa les lèvres en bombant le torse.
— Si vous désirez obtenir des informations de ma part, vous feriez mieux de changer de ton mon garçon. Je vous ai gracieusement ouvert les portes de ma demeure, mais nous pourrions tout aussi bien vous mettre à la porte.
Qui était-ce nous ? Parlait-il de lui-même ? De quelqu'un d'autre ? Dans la pièce où ils se trouvaient, il n'y avait que les odeurs de Thorn et Hiro, aucune autre. Et aux dernières nouvelles, Hiro était aussi solitaire qu'un ours grincheux. Thorn s'était-il seulement renseigné sur Hiro avant de venir chez lui ? Peut-être aurait-il su alors qu'Hiro aimait qu'on le brosse dans le sens du poil, il était un homme fier et un artisan doué. Si d'aventure Thorn voudrait discuter encore avec Hiro, il devrait s'excuser pour son comportement brutal et enrober ses questions lorsqu'il les poserait au kappa.
Mais avec un tel commencement, peut-être qu'Hiro finira par décider que la situation n'est finalement, pas si rattrapable que cela...
Réussite critique + Réussite — Hiro se laisse amadouer par les excuses et le comportement plus avenant de Thron (si ce dernier prend ce chemin-là).
Échec + Échec critique — Hiro est un personnage très versatile, il s'est vexé de l'attitude de Thorn et ne semble plus vouloir coopérer. Quelle sera la prochaine technique du loup ?
'Dé 100' :
![[CHASSE] La voleuse de pierres — ft. Seraphina & Ada 84](https://i.ibb.co/cX6YTQH/84.png)
• Ada & Thorn & Séraphina •
Séraphina laissa Ada reprendre la main, débutant l'interrogatoire afin d'obtenir plus d'informations concernant toute cette histoire. Dans ses souvenirs, la jeune femme avait toujours vu le couple heureux et n'avait jamais rien entendu de particulier à leur sujet. Ils étaient les parfaits tourtereaux par excellence, vivant dans une petite bulle de bonheur. Elle avait déjà croisé plusieurs fois Mohan et Cyrus à l'Aubépine, ils s'étaient toujours montrés charmants avec elle. C'étaient également d'excellents payeurs, elle ne comprenait donc pas qui aurait bien pu leur en vouloir au point de voler le diamant de la bague de fiançailles. Certes, il s'agissait d'une pierre précieuse de choix, mais il était possible d'en trouver si on savait où chercher. Et puis le Médusa avait toujours bien quelques pierres dans ses stocks.
Tout cela était bien étrange, cela dépassait même l'entendement selon la gorgone. Ada demanda à Mohan plus de précisions quant à savoir si elle avait connaissance de la cachette de Cyrus. Ces deux-là semblaient tellement fusionnels qu'elle ne doutait pas un instant qu'ils se disent effectivement tout. Mais n'avoir aucun secret l'un pour l'autre... Était-ce seulement possible ? Séraphina ne pensait pas, mais après tout, elle n'avait pas du tout le même profil de personnalité que Mohan ou bien que Cyrus. Elle ne s'imaginait pas du tout filer le parfait amour sur un petit nuage avec un homme. Se faire des baisers à longueur de journée ? Très peu pour elle.
Mohan répondit à toutes les questions, assurant qu'elle connaissait la cachette de Cyrus. Soit parce qu'elle l'avait découvert en nettoyant ou bien parce qu'il le lui avait dit. Effectivement, cela ne montrait pas les choses en sa faveur, elle était la coupable parfaite dans cette histoire. Celle qui connaissait toutes les cachettes, peut-être était-ce aussi simple que cela. Mais quelque chose semblait ne pas coller, peut-être parce que cela semblait trop facile.
L'histoire du manteau semblait probable, il leur faudrait aller vérifier cette information auprès d'Hiro afin d'en être certaine, ce serait donc leur prochaine destination lorsqu'elles en auraient terminé ici. Séraphina nota l'information dans sa tête et remarqua également le regard de Mohan à la mention d'Ézelyne. Elle ne connaissait pas bien la seconde jeune femme, ne l'ayant que peu croisé à l'Aubépine ou en ville. Elle savait pourtant que son amitié avec Mohan était pratiquement légendaire, certains assuraient que les deux femmes étaient comme des sœurs tellement elles étaient proches. Peut-être y avait-il de l'eau dans le gaz ? Elle jeta un regard à Ada, elles auraient beaucoup de quoi discuter une fois dehors. Cyrus avait également eu un comportement étrange à la mention d'Hiro. Pourquoi cela ? C'était un mystère.
Désireuse de ne pas briser la concentration de son amie, qui semblait attentive au moindre mouvement du couple, elle la laissa continuer sur sa lancée et poser les questions, se bornant à observer la scène et faire ses propres déductions.
Faniahh/Lala/Cyalana
Tout désignait Mohan dans cette histoire et pourtant, il était étrange de l'imaginer en voleuse. À commencer par le fait qu'elle aurait été en possession du diamant quoi qu'il arrive, inutile de le voler. De même pour le rubis, elle pouvait le voler à sa guise puisqu'elle côtoyait Ezelyne très régulièrement. Difficile de trouver une explication logique à des vols si rapprochés dans le temps et si vides de sens. À moins qu'elle n'ait pas volé ces pierres pour elle, mais pour le compte de quelqu'un qui avait une bonne raison de les vouloir tout de suite.
Pour l'instant, Ada n'avait pas d'opinion arrêtée sur la question et même les réponses de la jeune femme ne purent faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre. Elle ne douta pas de l'honnêteté de la réponse à propos de la cachette, la façon dont cette information était parvenue à la jeune femme ne lui importait pas vraiment, c'était surtout le résultat qui comptait. En revanche, elle ne manqua pas la brève et infime tension qui apparut avant de s'évaporer, d'abord pour Ezelyne, ensuite pour Hiro. Lire le langage corporel était devenu une seconde nature pour elle, les Loups communiquaient beaucoup plus par le corps que par la parole. Et puis quelques années au Calavera au contact régulier du public pouvait aiguiser l'œil et l'intuition de n'importe qui. Les serveurs jouaient souvent aux devinettes à propos des relations entre clients ou de leur état émotionnel, pariant sur celui qui serait le plus juste dans son analyse avant d'aller directement pêcher l'info en salle.
Si mensonge il y avait, la Louve était prête à parier que c'était à propos de la visite chez Hiro.
— Merci pour ton honnêteté, Mohan, assura-t-elle avec un sourire poli. Je voulais éclaircir ce point. Il me vient juste deux petites questions et j'en aurais terminé. La première est : depuis que tu sais, pour la cachette du diamant, te souviens-tu avoir jamais évoqué la gemme, la cachette ou la potentielle surprise que Cyrus voulais te faire ? Avec Ezelyne pendant une sortie, par exemple, ou lors d'une conversation au Calavera ? N'importe quoi qui puisse avoir un lien avec ce diamant, en fait. Et ma deuxième question : vous arrive-t-il de dormir avec l'une des fenêtres de la maison ouverte ?
Elle jeta un regard à Seraphina pour s'enquérir rapidement de son état. Son interrogatoire à elle était désormais terminé, mais la gorgone avait peut-être ses propres questions. Elle ne doutait pas qu'après cette visite, elles prendraient le temps de mettre en commun informations et théorie loin des oreilles indiscrètes avant de poursuivre leur enquête.
L’aîné des Lunde croisa les bras avec un soupire par le nez à peine dissimulé, une main balayant le vide tandis qu’il marmonnait dans son coin… jusqu’à ce qu’un mot ne l’interpelle. Thorn redressa la tête en fronçant ses sourcils noirs, dévisageant le kappa comme s’il était prêt à lui sauter à la gorge pour obtenir de vraies réponses — enfin pour le coup ce n’était pas tant fait exprès, il s’agissait simplement de son air ordinaire et particulièrement misanthrope.
« Nous ? » répéta-t-il lentement en articulant longuement la syllabe, ses yeux foncés cherchant à plonger dans ceux de la créature aquatique pour lui arracher ses aveux.
Qu’entendait-il, par « nous » ? Y avait-il une présence dissimulée ? Enfin, il l’aurait sentie… si seulement il n’avait pas eu le nez plongé dans ces odeurs féminines, sûrement. Etrangement pourtant, ces odeurs semblaient propres au grenier, et Thorn reconnaissait assez la créature anxieuse à ses pieds pour savoir qu’il n’était pas du genre à avoir une compagnie plus… intime que cela.
Mais, visiblement, sa première impression avait tapé fort, et le kappa semblait seulement vouloir s’éloigner le plus possible du loup pour retrouver sa paix, ce qui le força à soupirer lentement, décroisant les bras pour essayer de se donner meilleure allure.
« C’est bon, c’est bon. Je suis désolé, d’accord ? » siffla-t-il doucement, comme si des excuses lui coûtaient — au fond, il y avait un peu de ça. Un léger blanc fila entre eux avant qu’il poursuive ; « L’affaire nous occupe depuis un moment sans qu’on parvienne à mettre le doigt sur quelque chose, et le voleur pourrait frapper n’importe quand… on espérait mettre le grappin dessus ce soir. » nouveau mensonge, ce n’était pas tant l’activité favorite de Thorn qui préférait en générale se taire plutôt que de mentir ou ne serait-ce que de parler, mais il savait aussi qu’il y avait des moments où il valait mieux savoir faire des choix, aussi éloignés étaient-ils de possibles valeurs. Aussi, il rajouta d’une voix douce, presque trop mielleuse ; « Le moindre renseignement en plus pourrait être la pièce manquante du puzzle, et je pressens que vous avez un grand rôle à jouer dans cette… investigation… »
'Dé 100' :
![[CHASSE] La voleuse de pierres — ft. Seraphina & Ada 8](https://i.ibb.co/vqNqCcF/8.png)
— Vous auriez tout aussi bien pu garder vos fausses excuses pour vous. La sincérité vous arrache peut-être la bouche.
Le kappa tourna le dos au loup et s'en alla dans sa cuisine où il alluma l'eau de son évier. Ensuite, en un claquement de doigts, il disparut subitement, ne laissant que ses vêtements derrière lui. Oui, Hiro venait bel et bien de prendre la poudre d'escampette, laissant le loup tout seul au beau milieu du salon. Malheureux coup du sort ou bien heureuse aubaine ? C'était au loup d'en décider. Encore faudrait-il pouvoir expliquer ce qu'il faisait là, au beau milieu de la maison du kappa, sans personne autour. Deviendrait-il le voleur aux yeux des autres habitants ? Porterait-il le parfait chapeau du coupable revenant effrayer ses victimes ?
Mais un détail revenait sans cesse, ce fameux "nous". Était-ce la folie passagère d'Hiro ? Ou peut-être que cela portait une véritable signification et qu'ils n'avaient jamais été seuls durant ce bref interrogatoire. Quelqu'un les surveillaient-ils ? C'était un mystère des plus complet.
Mais voilà que Thorn Lunde se retrouvait dans de beaux draps. Qu'allait donc faire le loup ? Prendre le risque de fouiller lui-même la maison et potentiellement trouver des indices ? Ou bien quitter la bâtisse pour se rendre à sa prochaine étape ?
• Ada & Thorn & Séraphina •
Séraphina observa Mohan réfléchir aux deux autres questions d'Ada, elle finit par soupirer et hocher de la tête.
— Ézelyne est ma meilleure amie, je lui confie énormément de chose. Elle savait que je désirais me fiancer à Cyrus, depuis longtemps déjà. Je pressentais bien qu'il ne tarderait pas à faire sa demande et je l'ai mentionné plusieurs fois lorsque j'étais avec Ézelyne. Quant à la cachette, il est possible que je le lui ai dit aussi, mais je ne parviens pas à me souvenir si c'est réellement le cas ou non.
La grécienne vit Cyrus caresser le dos de sa compagne avant de répondre à son tour.
— Oui, nous dormons parfois avec la fenêtre ouverte, mais cela arrive de moins en moins fréquemment depuis que les températures ont baissé.
Ada lui jeta un coup d'œil et Séraphina comprit immédiatement que son interrogatoire était terminé. Elle ne voyait pas bien ce que le couple pourrait encore leur apprendre à l'heure actuelle, peut-être, était-il venu le moment de se rendre chez Hiro ou bien chez Ézelyne. Elle sourit aux deux créatures et hocha de la tête.
— Merci à vous deux pour votre temps. Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps pour le moment. Si jamais il nous venait d'autres questions, nous reviendrons vous les poser. Passez une excellente journée.
Elle fit demi-tour et quitta la petite habitation du couple, s'attendant à ce qu'Ada la suive. Séraphina ne savait pas vraiment quoi penser de tout cela, il y avait encore bien trop de zones d'ombres dans toute cette histoire que pour suivre une piste solide. Se passant une main dans les cheveux, elle attendit son amie devant la porte.
— Je te propose qu'on aille rendre visite à Hiro, je pense qu'il doit se trouver chez lui à l'heure actuelle. Nous pourrons discuter de nos théories sur le chemin et partager nous impressions.
Elle partit donc en direction de la demeure d'Hiro, seconde étape de leur enquête qui lui semblait déjà bien complexe.
Faniahh/Lala/Cyalana
— D'accord. Je suis aussi curieuse d'entendre sa version des faits.
Ada emboita le pas à son amie, s'éloignant de la maison du couple pour se rendre dans un autre quartier. Il y avait plusieurs points à éclaircir dans cette histoire et la Louve regrettait que le rapport n'ait rien mentionné dans le détail à propos des relations entre les différentes personnes impliquées. Soit les équipes avaient un peu trop bâclé le travail, soit les interrogateurs n'avaient pas été assez attentifs aux réactions des uns et des autres.
— Bon, je pense pouvoir commencer par confirmer que Mohan était en possession de toutes les informations nécessaires pour savoir qui avait des pierres précieuses et où les trouver, commença à énoncer la jeune femme une fois qu'il y eut une distance raisonnable entre elles et la maison des victimes. Ça ne fait pas d'elle la voleuse, mais ça ne joue pas en sa faveur non plus. Elle aurait très bien pu transmettre ces informations au coupable, volontairement ou non. Un baku aurait pu se glisser dans ses rêves, un kitsune aurait pu la tromper pour l'interroger discrètement... Ou un farfadet aurait pu l'espionner pour récolter toutes les informations. Le choix des scénarios est vaste. Et s'ils gardent parfois une fenêtre ouverte la nuit, on ne doit pas exclure une visite nocturne.
La jeune femme poussa un soupir, un peu résignée. Le point de départ n'était pas mauvais, mais avec tous les pouvoirs à disposition des habitants, le nombre de coupables potentiels était faramineux. Tout le monde n'était pas capable de se servir de ses facultés, cependant ils étaient assez nombreux à le pouvoir pour compliquer l'enquête.
— Je m'interroge aussi sur cette fameuse visite à Hiro. La commande d'un manteau est une histoire plausible, mais Cyrus n'avait pas l'air très à l'aise avec l'idée qu'elle soit allée voir notre artisan kappa. Qu'est-ce que tu en as pensé ?
Elle réfléchissait à voix haute pour tenter de fixer ses pensées et faire le tri. Beaucoup de pistes et peu de réponses.
Il ne leur fallut pas longtemps pour arriver en vue de l'habitation qu'elles recherchaient. Le rapport mentionnait que l'homme qu'elles venaient voir semblait nerveux et très affecté par le vol. Un très bref historique d'Hiro incitait à l'aborder avec des précautions, ce qu'Ada comptait faire. Les japalors la décontenançaient souvent, la faute à une culture très différente de la sienne, mais elle avait appris à arrondir les angles pour échanger avec eux.
Levant une main pour frapper à la porte, elle fit retentir trois coups sonores avant de s'annoncer à voix haute.
— Hiro Köta ? Nous venons à propos de l'enquête pour le vol de votre Lapis. Nous ne vous prendrons que quelques minutes de votre temps.
Puis elle tendit l'oreille, dans l'attente d'une réponse.
Il resta interdit un long moment, ne promenant que son regard sur les alentours sans arriver à déceler quoique ce soit. Une seule chose lui revenait en tête, c’était la façon qu’avait le Japalor de parler, comme s’il n’était pas seul — sauf s’il comptait tous les démons dans son crâne. Puis il y avait encore ces odeurs de femme, persistantes. Peut-être qu’une d’entre elles aurait une piste ? Mais, avant ça, Thorn voulait en profiter pour inspecter la demeure, ses deux yeux perçants scannant les environs… Mais, rien à faire, il n’arrivait pas à voir qui que ce soit, et encore moins à l’entendre ou le sentir.
Quand il se décida à faire un pas, on frappa à la porte, arrachant un sursaut au loup qui, si focalisé sur son environnement, n’avait même pas prêté attention au reste. Peut-être que le kappa était allé chercher l’aide d’une milice ? Ou bien s’agissait-il d’un visiteur quelconque ? Thorn se paralysa pendant une poignée de secondes, à l’affût, craignant le pire, prêt à réagir en conséquence… Mais une voix féminine s’éleva, justifiant sa visite par l’enquête des pierres volées, et il laissa échapper un soupire rassuré. Enfin, il n'était pas encore tout à fait sorti d’affaire, fallait-il encore qu’il explique sa situation, et comment il avait réussi à faire fuir leur témoin important.
D’un pas lourd, Thorn s’approcha de la porte qu’il n’ouvrit, d’abord, qu’à moitié, juste assez pour montrer une partie de son visage et observer les nouveaux arrivants… ou nouvelles arrivantes. Et, bien-sûr, il fallait qu’il connaisse une des deux femmes, pour son plus grand déplaisir. Enfin, celle-ci ne l’avait vu que sous forme lupine et ne connaissait même pas son nom, donc peut-être ne ferait-elle pas le lien avec leur virée en forêt qui avait tourné au cauchemar (il l’espérait). En ce qui concernait la seconde, cela dit… Tous les loups de la ville se connaissait au moins de nom, et il connaissait Ada pour être à la tête d’une meute.
Le Lunde ne feint même pas son soupire tandis qu’il ouvrait grand la porte, laissant le loisir aux visiteuses d’y entrer.
« Hiro n’est plus là. » grogna-t-il seulement tandis qu’il faisait demi-tour pour s’en aller à ses investigations. « Je suis sur la piste des pierres moi aussi, mais je n’ai rien trouvé de concluant, si ce n’est deux odeurs de femme que tu peux peut-être aussi sentir, Ada. » Il n’y avait rien à faire, malgré tous ses coups d’œil dans les alentours, Thorn peinait à comprendre où il avait raté quelque chose. « Mais il y avait quelque chose d’étrange… Hiro parlait comme s’il n’habitait pas seul… »
Il suspectait la présence d’un farfadet depuis peu ; s’ils n’avaient pas d’ennemis particuliers, peut-être qu’une de ces créatures avait entendu parler de chaque pierre avant de se lancer à leur poursuite. Peut-être même que l’un de leur suspect était un farfadet. Et s’il s’agissait de l’un d’entre eux, Thorn avait déjà entendu dire qu’ils savaient se fondre assez dans les ombres pour disparaître aux yeux de tous.
Il connaissait assez — même si très peu — les deux femmes qui venaient d’arriver pour savoir qu’elles étaient sincères dans leur enquête et non impliquées dans celle-ci. Alors, malgré ses réticences, Thorn se rapprocha d’elles, sans quitter les environs des yeux.
« On est peut-être observés. Et écoutés. » fit remarquer le lupin à voix basse, même si elle semblait aussi profonde et puissante que lorsqu’il s’exprimait normalement. « J’ai déjà fouillé un peu le grenier, sans grand succès, mais peut-être qu’il reste des indices dans la maison. »
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